La conscience phonologique est l’habileté à reconnaître que les mots sont fabriqués de sons individuels. Comme d'autres aptitudes associées au langage, la conscience phonologique passe par des stades de développement. De trois à huit ans, les enfants sont de plus en plus capables de reconnaître les différents sons qui constituent un mot, d'isoler ces sons et de les manipuler. Il est essentiel d’avoir des capacités phonologiques bien développées pour apprendre à lire et à épeler. Les enfants à qui l’on diagnostique une déficience de lecture ou un trouble d’épellation ont dans la majorité des cas des troubles importants associés aux capacités phonologiques.
Développement de la conscience phonologique
À l’âge de quatre ans, environ la moitié des enfants peuvent identifier ou reconnaître les syllabes d'un mot. Une syllabe est une unité du langage parlé constitué d’un son continu, par exemple, le mot chat a une syllabe et le mot maison en a deux. Les enfants de quatre ans sont également en mesure de déterminer quels mots riment.
À l’âge de six ans, beaucoup d’enfants peuvent diviser les mots en sons ou en phonèmes individuels. Les phonèmes sont la plus petite unité du son du langage qui différencie un mot. Le c de chat et le m de maison sont des phonèmes. Les enfants de cet âge sont également en mesure de déterminer si les pairs de mots commencent ou terminent avec le même son.
À sept ans, la majorité des enfants peuvent diviser les mots par syllabe ou par phonème.
Voici les capacités phonologiques de base particulières que développeront généralement les enfants âgés de trois à huit ans :
- ils reconnaissent que les phrases sont composées de mots;
- ils reconnaissent si les sons des mots sont identiques ou différents. Par exemple, l’enfant comprend que bol et sol, bol et vol et col et bol sont différents;
- ils reconnaissent les rimes comme chat et bras;
- ils font des rimes;
- ils isolent le son initial des mots; ils reconnaissent que les mots commencent avec le même son, par exemple, chat commence avec un c et chien commence aussi avec un c;
- ils isolent le son final des mots; ils reconnaissent que les mots ont le même son final, par exemple, bol se termine avec un l et col se termine aussi avec un l;
- ils reconnaissent les sons au centre des mots, par exemple, le son au centre de chat est a et celui au centre de bol est o;
- ils identifient les syllabes d’un mot en tapant des les mains ou en donnant du rythme à la parole, par exemple, mai-son;
- ils identifient le nombre de sons dans un mot, par exemple, le mot sac a trois sons s-a-c;
- ils enlèvent des sons dans les mots et disent ce que le mot devient, par exemple, porte sans e devient port et sorte sans e devient sort.
À quel moment s’inquiéter de la conscience phonologique
Avant de commencer l'école, les enfants avec des troubles de conscience phonologique peuvent avoir de la difficulté à associer les sons environnementaux avec les objets appropriés et ne jouent habituellement pas avec les sons. Par exemple, l’enfant ne regardera pas un camion de pompier en imitant le son d'une sirène, ou n’imitera pas le son d'une sirène lorsqu'il joue au pompier.
Voici des signes de troubles de conscience phonologique lorsque l’enfant commence l’école :
Maternelle : quatre à six ans
difficulté à déterminer si les mots riment
Fin de la maternelle : cinq à six ans
difficulté à isoler le premier son d’un mot, à associer les mots par leur son initial, à taper dans les mains pour compter selon le nombre de sons d'un mot, ou à apprendre l’association des sons et des lettres.
Première année
difficulté à isoler les sons des mots, à mélanger les sons pour former des mots, ou à associer les mots selon leur son final.
Conséquences des troubles phonologiques sur l'apprentissage dans la salle de classe
Lorsqu’un enfant a des problèmes de conscience phonologique, il aura de la difficulté à déchiffrer le code de sons et de symboles utilisé pour lire. Cela ralentira son apprentissage des aptitudes à la lecture précoces, en particulier, sa capacité à lire à voix haute. C’est ce qu’on appelle le décodage.
Les difficultés de conscience phonologique peuvent aussi occasionner des troubles d’épellation. L’épellation nécessite que l’enfant soit capable de former des lettres avec le son des mots et des sons avec le regroupement des lettres.
Comment favoriser la conscience phonologique
Il existe des jeux et des exercices particuliers que les parents peuvent faire pour favoriser l’amélioration de la conscience phonologique de leur enfant.
Tout-petits et enfants d’âge préscolaire
- Jouez à des jeux qui consistent à associer différents sons à différents objets ou animaux, par exemple, « meuh », le son d’une voiture, une sonnette;
- Lisez des livres qui contiennent des rimes;
- Faites des rimes avec votre enfant;
- Donnez aux jouets de votre enfant des noms qui riment comme lion mignon ou chat gras.
- Enseignez des chansons axées sur les sons, comme La ferme à Maturin.
Prématernelle et maternelle
- Dites à votre enfant de vous dire des mots qui riment;
- Nommez les objets, laissez votre enfant faire le premier son du jeu. Mettez l’emphase sur le son et faites-le traîner si l’enfant a de la difficulté : « mmmaman commence avec un m »;
- Faites-lui deviner un mot qui commence par m;
- Une fois que votre enfant est capable d’identifier des mots qui commencent avec le même son initial, commencez à travailler sur le son final.
Maternelle et première année
- Continuez de travailler sur l'isolation des sons initiaux et finaux des mots;
- Enseignez l’association des sons et des lettres de manière explicite. Renforcer le tout en jouant à des variantes de Pige dans le lac ou Concentration;
- Développez les capacités à mélanger les sons en faisant des sons et en demandant à votre enfant de deviner le mot. Par exemple, « Quel son fait le c-h-a-t? ». Si votre enfant a de la difficulté au début, prenez trois objets ou images, faites le son d’un des objets, et demandez à votre enfant de choisir l’objet approprié. Augmentez le nombre d’objets au fur et à mesure que les capacités de votre enfant s’améliorent;
- Révisez les familles de mots qui riment (bol, vol, col, sol, etc.).