L’entérocolite nécrosante néonatale (ECN) est une maladie qui affecte généralement le gros intestin ou l’intestin grêle des bébés nés prématurément ou qui ont un faible poids à la naissance (moins de 1,5 kg). L’ECN peut également toucher les nourrissons à terme qui ont des problèmes de santé sous-jacents tels que des malformations cardiaques ou des infections graves. Elle peut affecter une partie seulement ou plusieurs parties de l’intestin. Dans de rares cas, elle peut s’étendre à l’intestin tout entier.
L’ECN provoque une inflammation et une infection de l’intestin qui perturbe l’irrigation sanguine intestinale, ce qui rend les intestins très faibles. Dans les cas graves, l’intestin devient tellement faible qu’une ouverture s’y crée (perforation). Cette ouverture laisse les bactéries et les déchets qui sont normalement contenus dans les intestins s’infiltrer dans l’abdomen et causer une infection dangereuse.
L’ECN peut mettre la vie des bébés en danger, mais la plupart d’entre eux réagissent bien au traitement. L’intestin se rétablit et reprend son fonctionnement normal.
Symptômes de l’ECN
L’ECN survient habituellement de trois à dix jours après la naissance. Les symptômes de cette maladie sont les suivants :
- un ventre rouge et gonflé;
- des difficultés à tolérer l’allaitement;
- des selles sanguinolentes, y compris une diarrhée sanglante;
- des vomissements contenant de la bile;
- une respiration irrégulière;
- une tension artérielle basse;
- une température élevée, basse ou instable.
Il est assez difficile de diagnostiquer l’ECN, car ses symptômes, comme l’intolérance à l’allaitement, les vomissements et la modification des selles, sont semblables à ceux d’autres troubles intestinaux moins graves.
Causes et facteurs de risque de l’ECN
Bien que l’ECN puisse survenir chez n’importe quel nouveau-né, la plupart des cas sont observés chez les bébés prématurés. On estime qu’elle touche environ 5 % des nourrissons pesant moins de 1,5 kg à la naissance.
On en connaît mal les causes exactes, mais plusieurs facteurs différents peuvent y contribuer.
Prématurité
Le système immunitaire des bébés nés prématurément est généralement sous-développé, donc peu apte à combattre l’infection. Plus le poids à la naissance est faible, plus le risque qu’un bébé prématuré développe une ECN est élevé.
Allaitement artificiel
Les bébés nourris au sein ont moins de chances de développer une ECN.
Accouchement difficile
Lors de certains accouchements difficiles, trop peu de sang, d’oxygène et de nutriments se rendent aux intestins. Un manque de sang oxygéné dans les intestins peut endommager la paroi intestinale.
Croissance de bactéries
Le système immunitaire immature d’un bébé prématuré n’est pas en mesure de protéger adéquatement les intestins contre une prolifération de bactéries et de microbes. De l’enflure et de l’infection peuvent s’ensuivre. La prise d’antibiotiques pendant plus de dix jours peut également influer sur la croissance bactérienne dans l’intestin, augmentant le risque de développer une ECN.
Diagnostic de l’ECN
Une radiographie abdominale permettra de confirmer un diagnostic d’ECN et d’en déterminer la gravité. Les médecins rechercheront la présence d’un gonflement des intestins, de gaz dans les parois intestinales (pneumatose intestinale) et d’air dans l’abdomen (à l’extérieur des intestins), ce qui indique qu’une ouverture s’est formée dans l’intestin faible.
Une échographie de l’abdomen pourra également faciliter le diagnostic d’une ECN en révélant les parties de l’intestin qui se sont amincies ou une diminution du flux sanguin vers certaines régions de l’intestin.
L’ECN peut compromettre de manière importante l’absorption des nutriments et l’élimination des déchets. En plus des imageries, le bébé chez qui l’on soupçonne la présence d’ECN devra subir des analyses de sang dans les buts suivants :
- déceler des signes d’infection (dénombrement des globules blancs, hémoculture, protéine C-réactive);
- déterminer l’équilibre des éléments nutritifs et chimiques dans son sang.
Traitement de l’ECN
Lorsqu’on craint qu’un bébé ne soit atteint d’une ECN ou lorsque le diagnostic a été confirmé, aucun solide ne lui est donné. On lui administre plutôt des liquides et des nutriments (matières grasses, sucre et sel) par voie intraveineuse. On place un tube dans l’estomac, soit par le nez (sonde nasogastrique) ou par la bouche (sonde orogastrique), pour éliminer tout liquide ou air excédentaire. On administrera normalement au bébé des antibiotiques intraveineux de 7 à 14 jours pour traiter l’infection. Dans la plupart des cas, ce traitement est efficace et aucune opération ne sera nécessaire.
Environ un tiers des bébés peuvent avoir besoin d’une l’ablation d’une région de l’intestin malade. Dans la plupart des cas, elle est retirée et les parties saines de l’intestin sont rattachées.
Toutefois, si plusieurs régions de l’intestin sont malades, le chirurgien pourra étirer l’extrémité de la section saine jusqu’à la peau afin d’y créer une ouverture appelée stomie. Les selles passeront par la stomie pour se jeter dans un sac, ce qui permettra aux régions affectées de l’intestin de guérir.
Une fois l’intestin guéri, le bébé aura besoin d’une deuxième intervention chirurgicale pour fermer la stomie et pour reconnecter la partie saine à la partie guérie de l’intestin. Votre enfant n’ayant plus de stomie, il pourra évacuer ses selles normalement par l’anus.
Pendant la cicatrisation intestinale de votre bébé, des liquides et des nutriments lui seront injectés par voie intraveineuse. Une fois que l’intestin se sera suffisamment assaini, soit environ une à deux semaines après le traitement, votre bébé pourra être nourri au lait par sonde nasogastrique dans l’estomac.
Si possible, il sera préférable d’allaiter votre bébé dès qu’il aura recommencé à téter.
Pronostic pour les bébés atteints de l’ECN
La plupart des bébés réagissent bien au traitement et grandissent sans problèmes intestinaux ou alimentaires. Dans de rares cas, la maladie peut réapparaître.
Bien que cette situation soit rare, il est également possible que la formation de tissu cicatriciel entraîne, lorsque le bébé guérit, un rétrécissement de l’intestin empêchant les excréments et les gaz de s’évacuer. Une opération pourra être nécessaire pour corriger le problème. Ce rétrécissement est plus fréquent chez les bébés qui ont subi l’ablation d’une bonne partie de leur intestin.
SickKids Neonatology Clinic: http://www.sickkids.ca/Neonatology/
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