Le cerveau est divisé en deux hémisphères. Chaque hémisphère est à son tour divisé en quatre lobes : le lobe frontal, le lobe pariétal, le lobe occipital et le lobe temporal.
La résection extratemporale consiste en l’ablation chirurgicale d’une partie du cerveau à l’extérieur de la région des lobes temporaux. Les crises qui prennent naissance dans des régions extérieures aux lobes temporaux sont toutes désignées par le terme « épilepsie néocorticale ». Le lobe frontal est un foyer extratemporal fréquent des crises.
Indications
On envisage une résection extratemporale quand :
- Les crises persistent, malgré les médicaments (monothérapie et polythérapie) pendant au moins deux ans.
- L’évaluation pré-opératoire montre que les crises proviennent de l’extérieur des lobes temporaux.
- Une ou plusieurs lésions sont visibles dans les IRM. Si aucune lésion n’est visible, une opération est tout de même possible, mais les chances que l’enfant n’ait plus de crises après l’opération sont moins bonnes.
- Des vidéos et des enregistrements d’EEG du cuir chevelu confirment que les crises proviennent d’une seule région du cerveau.
- Il est possible de retirer la région épileptogénique sans perturber les aires fonctionnelles vitales du cerveau.
Avant l’opération
Une évaluation pré-opératoire complète et exhaustive est essentielle pour situer la ou les sections à retirer.
Le chirurgien et son équipe vous expliqueront l’opération et discuteront de toute question apparentée. Ils vous diront toutes les étapes en cause avant l’opération.
Ils discuteront aussi des symptômes postopératoires, de toute réhabilitation et de tous soins intensifs dont l’enfant aura besoin et des déficits et des soins continus éventuels.
Anesthésique
Une anesthésie générale est nécessaire. L’anesthésiste discutera avec vous des risques en cause et de la préparation nécessaire. L’anesthésie générale nécessite un jeûne de plusieurs heures.
Opération et surveillance invasive
Étant donné que la résection extratemporale met en cause des aires du cerveau qui sont à proximité de celles qui contrôlent le mouvement, une surveillance invasive pourrait être nécessaire. Si c’est le cas, votre enfant aura besoin de deux opérations : une pour l’installation de la grille d’électrodes intracrâniennes, et l’autre quelques jours plus tard pour le retrait de la grille. Si l’équipe a recommandé une opération pour l’épilepsie et vous y avez consenti, la région épileptogénique du cerveau sera retirée pendant la deuxième opération.
Installation d’une grille
Votre enfant sera placé sous anesthésie générale. Une partie de sa tête sera rasée. Une partie du cuir chevelu et de l’os sera retirée, et la dure-mère sera repliée pour exposer la partie du lobe temporal à retirer. Pendant l’opération, une surveillance d’un EEG intracrânien peropératoire pourrait être faite pour aider le chirurgien à circonscrire avec précision les régions fonctionnelles importantes du cerveau.
Après l’installation de la grille d’électrodes intracrâniennes, l’os sera replacé et le cuir chevelu sera fermé au moyen de points de suture. Votre enfant passera quelques heures dans la salle de réveil jusqu’à ce que les effets de l’anesthésique disparaissent. Il passera probablement une nuit à l’unité des soins intensifs.
Surveillance invasive
L’enfant sera surveillé dans l’unité de soins intensifs ou dans une salle de surveillance vidéo ou d’EEG, et recevra des soins particuliers d’une infirmière. L’enfant restera dans cette salle spéciale jusqu’à ce que l’activité cérébrale soit continuellement surveillée sur l’EEG, et les activités seront enregistrées sur vidéo. Le cerveau pourrait aussi être stimulé avec de légères impulsions électriques au moyen des électrodes pour situer les aires qui contrôlent la parole, le mouvement et les sensations. Toutes ces mesures devraient donner une évaluation juste des crises, des régions épileptogéniques du cerveau et d’autres renseignements capitaux.
En combinant l’information tirée de la surveillance des crises et de la cartographie fonctionnelle, l’équipe peut créer une carte du cerveau qui montre d’où proviennent les crises et où se situent les fonctions importantes du cerveau. De cette manière, l’équipe peut dire quelle est la partie du cerveau qui contribue aux crises qui peut être retirée sans danger. Tous ces renseignements vous seront présentés ainsi qu’à votre enfant, et l’équipe recommandera une stratégie chirurgicale après avoir analysé l’information.
Retrait de la grille et opération pour l’épilepsie
Quand les médecins auront assez d’information sur l’origine des crises, ils seront en mesure de planifier avec précision leur stratégie de traitement. Ils pourraient recommander l’opération pour l’épilepsie. Si vous trouvez que c’est réellement dans les intérêts supérieurs de votre enfant, une deuxième opération est faite pour retirer ou isoler la région épileptogénique du cerveau, et retirer les électrodes intracrâniennes par le fait même. Si vous ou l’équipe ne souhaitez pas que l’opération ait lieu, on opèrera uniquement pour retirer les électrodes.
Votre enfant retournera à la salle d’opération, où l’on retirera la grille. Si l’équipe et vous avez décidé d’opérer pour l’épilepsie, la région épileptogénique du cerveau sera retirée. Une fois cela fait, d’autres lectures d’EEG intracrâniennes pourraient être faites pour déterminer s’il faut retirer d’autre tissu cérébral ou si la région épileptogénique a été retirée entièrement. Les électrodes utilisées dans cette intervention sont retirées à la fin de l’opération.
Après l’opération, l’os sera remis en place et on fermera le cuir chevelu à l’aide de points de suture. Votre enfant passera quelques heures dans la salle de réveil, jusqu’à ce que l’anesthésie cesse de faire effet, et ensuite un à deux jours à l’unité de soins intensifs, suivis d’environ une semaine à l’hôpital.
Après l’opération
Les effets secondaires de l’opération dépendent de la région du lobe temporal qui est retiré. Les effets secondaires temporaires de l’opération, qui devraient disparaitre d’eux-mêmes après quelques jours, peuvent comprendre un engourdissement du cuir chevelu, de la nausée, de la fatigue, une dépression, des maux de tête, des défaillances de mémoire ou des difficultés avec la parole ou la vision, et des auras (sensations qui signalent le début d’une crise). Il arrive rarement que certains de ces effets persistent. Le chirurgien et le neurologue peuvent vous parler des effets secondaires qu’ils s’attendent de voir chez l’enfant.
La thérapie par l’exercice pourrait être bénéfique pour votre enfant, car elle améliore toute faiblesse ou perte de coordination qu’il pourrait avoir. À l’hôpital, des physiothérapeutes et des ergothérapeutes aideront votre enfant et pourraient vous enseigner des exercices. Il pourrait aussi avoir besoin des services d’un orthophoniste si le langage a été touché.
Une fois que votre enfant sera à la maison, il pourrait toujours avoir besoin des services d’un physiothérapeute ou d’un ergothérapeute dans son milieu. Par ailleurs, on pourrait lui donner des exercices qu’il devra faire seul. L’équipe soignante en discutera avec vous, et pourrait être en mesure de vous aider à trouver un thérapeute.
Les cheveux devraient repousser, et la plupart des enfants peuvent retourner à leurs activités normales et à l’école deux à trois mois après l’opération.
Il faut continuer de prendre les antiépileptiques après l’opération. Comme toujours, tout changement dans la posologie doit être fait selon les conseils et sous la surveillance du médecin de votre enfant. Parfois, il se peut que l’enfant puisse cesser de prendre les médicaments après quelques années sans crise. Cependant, même pour les enfants pour lesquels l’opération a permis d’enrayer complètement les crises, il faut continuer de prendre les antiépileptiques pendant au moins deux ans.
Si des crises surviennent après l’opération, une évaluation approfondie (à l’aide de tests et d’examens), et une éventuelle deuxième opération pourraient être nécessaires. Par ailleurs, on pourrait aussi tenter des traitements de substitution.
À quoi s’attendre après l’opération?
Chaque enfant est différent. Selon la nature des crises de votre enfant et l’emplacement de la région épileptogénique, l’opération pourrait entraîner un contrôle complet ou partiel des crises, et réduire le besoin de médicaments. Il se peut aussi que l’opération n’améliore pas les choses. Parlez au médecin de votre enfant au sujet des attentes réalistes que vous et votre enfant pouvez avoir par suite de l’opération.
Complications et risques
Toute intervention chirurgicale a des risques, y compris l’infection, les saignements, l’œdème cérébral et une allergie à l’anesthésique ou des complications à l’anesthésie. Le médecin de votre enfant discutera des risques de l’intervention avec vous en détail.