Les parents sont les personnes les plus importantes dans la vie des enfants. En tant que parent, vous entourez vos enfants de soins et veillez à leur sécurité et à ce qu’ils possèdent les aptitudes pour devenir des adultes heureux et en santé et qui ont confiance en eux-mêmes et sont capables de bien fonctionner dans leur milieu.
En tant que parent d’un enfant ayant subi une transplantation, vous avez les mêmes objectifs, mais vous devez relever des défis supplémentaires. Vous voulez non seulement que votre enfant fonctionne bien de façon générale, mais vous souhaitez qu’il arrive à autogérer entièrement sa santé et à prendre de bonnes décisions à cet égard. Chez les jeunes ayant fait l’objet d’une transplantation, le fait d’être en mesure de prendre soin de soi-même se traduit par des séjours plus courts à l’hôpital et un plus faible taux de rejet dans l’ensemble.
Apprendre à s’occuper de soi-même est un processus et non pas une action isolée. Les jeunes greffés doivent apprendre une foule de choses supplémentaires pour savoir comment rester en santé. Il est donc sensé de commencer à enseigner à votre enfant en quoi consiste l’autogestion de la santé dès son jeune âge. De cette manière, il aura beaucoup de temps pour acquérir et mettre en pratique les aptitudes qui lui seront nécessaires.
Tout au long de l'adolescence jusqu'au stade adulte, de nombreux facteurs influeront sur la faculté de votre enfant à prendre plus de responsabilités pour ses propres soins, notamment:
- le développement du cerveau et les changements hormonaux,
- vos pratiques parentales.
Développement du cerveau et changements hormonaux chez les adolescents
Pourquoi est-il si difficile pour la plupart des adolescents de faire des choix judicieux et d’agir de façon responsable? Même s'il peut parfois sembler que votre adolescent se comporte de façon imprévisible et immature simplement pour vous rendre fou, il y a sans doute beaucoup plus de facteurs à l’origine de sa conduite.
Dans le milieu scientifique, on a repéré deux facteurs expliquant pourquoi les adolescents ont souvent du mal à prendre des décisions comme des « adultes » et à choisir de se comporter de manière responsable :
- le développement du cerveau,
- les changements hormonaux.
Développement du cerveau
Les adolescents peuvent acquérir certaines aptitudes en peu de temps, quoique des parties de leur cerveau ne se développent pas aussi rapidement que d’autres. Cet écart se répercute sur la vitesse à laquelle un adolescent peut arriver à acquérir certaines aptitudes.
Les études des images prises par IRM du cerveau ont permis de démontrer que celui-ci continue de se développer jusqu’à l’âge de 25 ans. Les changements qui s'y produisent permettent d’expliquer le comportement parfois imprévisible des adolescents (par exemple, le fait que votre adolescent puisse se conduire comme un adulte rationnel et calme un moment donné et comme un enfant trop émotif l’instant suivant).
Le cortex préfrontal est la région du cerveau qui commande les «fonctions exécutives », c’est-à-dire les aptitudes nécessaires pour faire preuve de bon jugement et pour agir de manière responsable. Le cortex préfrontal est aussi l’une des dernières régions du cerveau à se développer. Avant qu’il se forme entièrement, votre adolescent continuera d’acquérir les aptitudes dont il a besoin pour planifier, établir ses priorités, mettre de l’ordre dans ses pensées, réprimer ses impulsions et réfléchir aux conséquences de ses choix.
Changements hormonaux
À mesure qu’un adolescent croît, son organisme produit des hormones sexuelles responsables des transformations physiques à la puberté. Durant l’adolescence, les hormones sexuelles deviennent actives dans une région du cerveau appelée système limbique. C’est cette région qui nous aide à gérer nos émotions de même qu’à reconnaître et à interpréter les émotions des autres.
Il arrive souvent que les adolescents n’arrivent pas à reconnaître ou à interpréter correctement les signaux émotifs des autres personnes. Cela permet d’expliquer, entre autres, pourquoi ils accordent souvent une importance excessive ou insuffisante aux expressions faciales de leurs parents. Cela peut aussi permettre de comprendre pourquoi ils peuvent avoir des réactions émotives excessives et rechercher la stimulation pouvant entraîner des comportements risqués et téméraires.
Pendant que le cerveau de votre adolescent se développe, la partie commandant la pensée « rationnelle », qui permet de prendre des décisions judicieuses, n’a pas encore atteint sa pleine évolution. À ce stade également, on observe une hyperactivité dans la région du cerveau qui régit « les émotions ». Il n’est pas étonnant que votre adolescent ne soit pas constant dans ses comportements!
Voici un commentaire au sujet du cerveau des adolescents relevé dans un article publié dans un ancien numéro de la revue Time : « C’est comme démarrer une voiture quand on n’a pas l’habitude de la conduite. » L’adolescent finira par apprendre, mais il aura sans doute des « accrochages » pendant qu’il s’habitue à assumer plus de responsabilités pour ses propres soins de santé.
En ce qui a trait à la santé de votre enfant, vous, votre enfant et son équipe de soins de santé pouvez collaborer afin de minimiser ces « accrochages » et leurs conséquences.
Pratiques parentales
L’aptitude de votre enfant à assumer des responsabilités et à acquérir des aptitudes repose en partie sur vos pratiques parentales. De nombreux facteurs influent également sur votre approche dans votre rôle parental, dont, entre autres, la façon dont vos parents vous ont élevé, la culture générale dans laquelle vous avez grandi et votre attitude face aux questions comme la discipline.
Il n’y a pas de recette parfaite pour mettre au point des stratégies parentales efficaces, bien que dans la documentation, on mentionne plusieurs styles parentaux qui pourraient vous interpeler. Il s’agit des modèles suivants :
- autocratique,
- autoritaire,
- permissif,
- négligent (parent absent ou désengagé).
Modèle autocratique
Le modèle autocratique met l’accent sur le respect des règles et ne permet aucune négociation parent-enfant. Par exemple, un parent autocratique dirait : « L’heure de rentrée est 22 h. C’est la règle, et il n’est pas question d’en discuter. »
Modèle autoritaire
Un modèle autoritaire repose également sur le respect des règles, mais il permet certaines négociations parent-enfant. Par exemple, un parent au style autoritaire dirait : « Tu veux sortir jusqu’à 23 h, tandis que je veux que tu rentres bien plus tôt. Fixons ton heure de rentrée à 22 h pour l’instant et nous verrons comment cela ira d’ici quelques semaines. »
Modèle permissif
Le parent permissif ne crée aucune règle ou ne prévoit aucune punition pour les dérogations aux règles établies. Il dirait : « Tu peux rentrer à l’heure de ton choix. » ou « Tu étais censé être à la maison dès 22 h, mais tu es arrivé plus tard. Enfin, je suis heureux que tu sois ici maintenant. »
Modèle négligent (parent absent ou désengagé)
Quand un parent est absent ou désengagé, il n’y a ni règles ni négociations à leur sujet. Ce comportement négligent est dû au fait que le parent est absent sur le plan affectif en raison généralement de problèmes de toxicomanie ou de graves troubles de santé mentale. Dans les exemples ci-dessus, le parent absent et désengagé ne saurait peut-être pas où se trouve son enfant et encore moins comment décider d’une heure de rentrée.
Adaptation de vos pratiques parentales
La période de l’adolescence peut être particulièrement difficile, car les jeunes mettent à l’épreuve les limites imposées et commencent à contester les règles familiales et l’autorité de leurs parents.
Votre adolescent et vous risquez de ne pas vous entendre sur la définition d’activités « amusantes » et « sans danger », ce qui peut donner lieu à de nombreuses discussions enflammées. En tant que parent, vous pourriez avoir beaucoup de mal à composer avec ces confrontations de sorte que vous pourriez vous en remettre aux pratiques parentales dont vous avez fait l’objet quand vous grandissiez, ce qui ne serait pas nécessairement bénéfique pour votre adolescent.
Il vous serait plus utile de réfléchir aux aptitudes dont votre adolescent aura besoin à l’âge adulte pour demeurer en santé et se comporter convenablement et de façon responsable. Une fois que vous aurez une bonne idée des aptitudes que vous désirez que votre adolescent acquière, vous pourrez déterminer de quelles manières vos pratiques parentales nuisent à son apprentissage ou la favorisent et modifier votre conduite s’il y a lieu.
Les stratégies parentales efficaces permettent aux jeunes d’acquérir les aptitudes et les connaissances requises pour bien fonctionner dans la société. Bien que celle-ci comporte de nombreuses règles, bon nombre d’entre elles se prêtent à certaines négociations (par exemple, pour profiter d’heures flexibles au travail). Les parents qui sont autoritaires et aident leurs enfants à apprendre à négocier sont les plus aptes à les préparer à bien vivre en société.
Comment les pratiques parentales efficaces peuvent faire toute la différence
Les enfants qui, grâce à des pratiques parentales efficaces, acquièrent des aptitudes utiles peuvent mettre ces dernières à profit lorsqu’ils négocient leurs soins de santé avec leur équipe médicale. En lisant l’exemple présenté ci-dessous, vous constaterez les réactions possibles d’un adolescent selon la stratégie parentale utilisée.
Exemple
Un médecin prescrit un médicament qui doit être pris trois fois par jour. Cependant, votre adolescent estime que cette fréquence de prise n’est ni raisonnable ni réaliste.
Réactions possibles
Un adolescent dont les parents autoritaires lui ont donné l’occasion d’apprendre à négocier aura davantage tendance à être franc et à demander à son médecin s’il est possible de modifier la dose et la fréquence de prise du médicament ou si un autre type de médicament peut lui être prescrit.
Un adolescent dont les parents sont autocratiques aura plus tendance à ne pas mettre en question les directives concernant la fréquence de prise du médicament, mais il aura ensuite de la difficulté à les suivre. Il n’arrivera peut-être pas à respecter l’horaire prescrit ou, pire encore, il cessera de prendre le médicament.
Un adolescent dont les parents sont permissifs ou absents risque davantage de prendre le médicament selon son gré, ce qui ne correspondra sans doute pas à l’horaire établi.